Pourquoi un enfant fait-il souvent des « bêtises » lorsqu’il y a des invités dans la maison ? Dans l’entreprise, pourquoi certaines personnes sont-elles sujettes à des erreurs inexpliquées, « sans raison » ? Tout être humain a des besoins physiologiques tels que manger, boire ou dormir, sinon il meurt. Cependant, il existe un autre besoin, moins reconnu et pourtant tout aussi important, qui est le besoin de stimulations sociale. L’analyse transactionnelle les appelle signes de reconnaissance (ou strokes) et ils sont indispensables à l’efficacité et au bien-être de l’équipe.
Des stimulations sociales pour vivre et bien travailler
Recevoir une stimulation, c’est en quelque sorte se nourrir pour vivre. Suite à des études effectuées dans le courant du siècle dernier, on a démontré que l’être humain ne peut pas vivre sans stimulation sociale. « Le petit bébé ne survit pas sans l’attention de ses parents ou de ses proches ». Cette stimulation sociale est constitutive et essentielle. Elle signifie pour la personne qui la reçoit qu’elle est reconnue, qu’elle existe aux yeux des autres. Il est aussi démontré qu’il est plus stimulant de recevoir de l’attention négative (reproches, punitions, mauvais traitement…) que pas d’attention du tout.
L’économie des signes de reconnaissance
L’analyse transactionnelle (AT) a développé le concept de signe de reconnaissance sur ces constatations. Appliqué au management et à la vie dans l’entreprise. Cela signifie qu’il est indispensable de montrer de l’attention aux personnes avec lesquelles vous travaillez. Et ce plusieurs fois par jour. Néanmoins, on constate souvent que peu de place est réservée à ce besoin de stimulation dans l’entreprise. Les uns sont trop occupés par leur tâche, les autres considèrent que les adultes ne sont pas des enfants, qu’on « n’est pas à la crèche » au sein de l’entreprise. Pourtant, satisfaire ces besoins augmente non seulement le bien-être au sein de l’équipe mais son efficacité.
Il y a toute une économie des signes de reconnaissance à mettre en place. Il existe plusieurs sortes de signes de reconnaissance à distribuer quotidiennement. Ils ont plusieurs niveaux qualitatifs et vont plus ou moins remplir notre « aquarium à stimulation ». Cependant, plus le niveau est élevé, plus la personne sera sereine et performante. Ce sont tout d’abord des rituels quotidiens : dire bonjour ou au revoir, discuter du beau temps et du dernier match de foot, parler de sa santé avec tel ou untel, aller déjeuner avec les uns et les autres, par exemple. Ensuite il existe des stimulations dites « conditionnelles » pour féliciter quelqu’un du travail bien fait. (Conditionnel car dépendant de quelque chose que la personne a fait). Et les stimulations dites « inconditionnelles » qui apportent des stimulations de grande qualité. (Inconditionnelles car elles concernent la personne pour ce qu’elle est). Ces dernières sont les plus gratifiantes, et les plus qualitatives.
Les stimulations négatives
De plus, il existe également les stimulations négatives qui, conditionnelles (par rapport à ce que la personne a fait) sont indispensables pour réorienter une activité insatisfaisante, c’est pourquoi il est impératif d’apprendre à faire correctement des feedbacks (remarques) sans qu’ils ne deviennent destructeurs. En effet, Il est également intéressant de constater – Vincent Lenhardt en parle dans son livre sur l’AT – que les pays latins ont tendance à remplacer les stimulations positives par des stimulations négatives. Se focaliser sur le négatif, en pensant que cela aura un impact positif sur l’évolution du travail, c’est un comportement classique en France.
Restent enfin à proscrire impérativement les signes de reconnaissance négative inconditionnelle. (Sur ce qu’est la personne). Qui sont destructeurs. Les exemples sont nombreux, « vous faites toujours des erreurs » « vous êtes incapable de rendre une tâche à l’heure » « vous êtes nul »… Donc, apprendre à dire non au bon moment par des stimulations négatives conditionnelles est un bon moyen de ne pas recourir aux stimulations négatives inconditionnelles. Qui à coup sûr auront des effets catastrophiques sur le moral des troupes.
Plus de lecture sur les signes de reconnaissance et l’analyse transactionnelle : l’Analyse Transactionnelle de Vincent Lenhardt (Eyrolles, 2009).